Jour 6 - Lundi 9 juillet - Distance parcourue : 298,5 Km
72 photos

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Nous quittons Gudvangen sous la pluie, vers 8h30. Nous devions effectuer la liaison Gudvangen - Kaupanger par ferry, sur le Sognefjord, mais nous annulons cette navigation à cause du mauvais temps (dommage de payer et de ne pas profiter du paysage).
Le Sognefjord est le fjord le plus long d'Europe (et le 2nd au rang mondial, derrière un fjord du Groenland) avec ses 203 km de trajet dans les terres. La petite branche du Sognefjord qui part de Gudvangen, le Nærøyfjord, figure sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Nous ratons quelque chose, mais c'est comme ça!

Nous retournons sur nos pas, en suivant l'E16, pour prendre la direction du nord suivant la route 13, à mi chemin entre Gudvangen et Voss. Le mauvais temps ne nous laisse pas entrevoir grand chose, mais nous relevons la présence fréquente de tremplins de saut à ski. Nous en retrouverons souvent au cours du voyage, ce qui n'est pas étonnant car le saut à ski est originaire de Norvège, dans le Telemark. La première compétition s'est tenu à Trysil en 1862 (c'est de là que vient le batteur de Mayhem, Jan Axel Blomberg, qui a aussi joué pour Dimmu Borgir, The Kovenant, Emperor, Antestor et Immortal entre autres). C'est d'ailleurs toute la discipline du ski qui nous vient de Scandinavie, où ont été retrouvées les plus vieilles références à ce mode de locomotion (gravures rupestres à Rødøy en Norvège, ainsi qu'à Alta cf. jour 16). Même en été, il est possible de skier, et pas que dans les stations de ski d'été: nous croisons un skieur sur route, sous la pluie battante! Il s'agit d'espèce de ski munis de roulettes, un peu comme des rollers.
La route 13 longe le lac Myrkdalsvatn (60° 49' 0 N; 6° 28' 0 E), puis atteint un plateau désert, dont le nom doit être Holedalen, à 600m d'altitude (le tiers de la Norvège dépasse les 600m). Quelques maisons de bois y côtoient de petits troupeaux de moutons, encerclés par des cascades.

 

Juste après ce petit groupe de maisons, la route effectue des lacets serrés en longeant la cascade Sendefossen pour nous mener un cran plus loin dans l'éloignement, sur un plateau enneigé (la route étant à 700-968m d'altitude environ). Les images fournies par Google Earth sont très précises sur cette zone, puisqu'on y distingue des voitures, et même les traces de marquage sur la route. Celle ci longe le lac Skjelingavatnet, et est fermée en hiver. Cette route entre Voss et Vik a été inaugurée en 1957 seulement, sachant qu'il n'en existe pas d'autre, et que jusqu'à cette date la seule possibilité d'atteindre Vik était le bateau, par le nord.

On peut voir quelques photos prises l'hiver sur cette page du site de Torstein Hønsi sur Vik i Sogn. Le lac Skjelingavatnet est même gelé par endroit, et la brume qui enveloppe les lieux confère un aspect assez mystérieux à la scène. La route semble cheminer dans le vide tant le brouillard est dense. Ce plateau semble assez hostile donc: souvent inaccessible l'hiver malgré les effort menés pour la maintenir ouverte en permanence, et encore enneigé en plein mois de juillet.

Pourtant, on observe des petites cabanes en bois dans ce milieu si froid. Il s'agit d'anciennes fermes: auparavant, le bétail était conduit à la montagne pour laisser les herbages se reposer, et ces petites bâtisses étaient occupées du mois de juillet au mois de septembre seulement. Là, les bergères s'occupaient de la traite des vaches. Comme dans beaucoup d'endroit, la diminution de l'activité agricole et la mécanisation ont entraîné au cours du XXe siècle une disparition de ces habitudes, si bien qu'aujourd'hui toutes les petites cabanes que l'on voit servent de lieux de vacances. Mais il ne faut pas être frileux et pas avoir peur de la solitude :) Le site de Torstein Hønsi sur Vik et ses environs est vraiment plein d'information! Il y a notamment une carte interactive qui recense des photos et précise les noms de lieux. Il a l'air de bien connaître les lieux, et c'est normal car sa cabane se situe en fait à quelques pas de l'endroit où je suis placé pour la photo intitulée Ygnesdal!

A partir de là, on descend très rapidement sur la ville de Vik, dont on a une jolie vue depuis les hauteurs. En quelques minutes, on passe donc de 1000m à 0m, altitude de la mer car nous sommes au bord du Sognefjord. Vik est connue pour sa stavkirke. Lorsque l'on descend vers la ville, on voit tout d'abord une église de pierre, puis une autre faite de bois, mais peinte en blanc. La première est la petite église romane de Hove, datant du XIIe siècle. La stavkirke de Hopperstad, qui a à peu près le même âge, est plus discrète et mois visible de loin, car placée entre de grands arbres de couleur rouge foncée, mais une fois parvenus à ses pieds, la structure est imposante. Il y a beaucoup de monde autour de cette stavkirke, en contraste avec la première que nous avons visitée: plusieurs car de touristes sont garés sur le parking. Parmi les visiteurs, un petit groupe traîne derrière notre voiture, intrigué par le fameux "In Tartflette We Trust", et cherchant probablement à trouver une origine à la plaque d'immatriculation (le F n'est pas marqué). Il y avait au moyen âge une autre église en bois, celle de Tenål, mais elle a été détruite par une avalanche au cours du XVIe siècle.

A une dizaine de Km vers le nord, un ferry assure la liaison entre Vangsnes et Hella. Sur les cartes, la route 13 ne s'arrête pas là, puisqu'elle continue ensuite de l'autre côté du fjord! Pendant la traversée, il me semble apercevoir un aileron...hallucination ? Animal mystérieux ? Nous ne le saurons jamais...

Nous empruntons maintenant la route 55 vers l'est, sous la pluie. Le paysage, en longeant le fjord, ressemble un peu aux rives du Sørfjorden. Il y a en Norvège, de manière général, beaucoup de maisons perchées sur des terrains pentus, sur des rochers. Bien souvent, il ne semble pas y a voir de clôture, ni en bois, ni végétale. Comment profiter d'un bateau et être en même temps à la montagne, pas loin de la neige ? Les Norvégiens ont la réponse! Ici encore, les bateaux amarrés le long de la route sont nombreux.

Nous atteignons peu après Sogndal, assez grande ville où il est pourtant difficile de trouver un distributeur automatique de billet. Nous faisons un petit tour au centre commercial bien fourni, où l'on trouve de tout, sauf la possibilité de retirer de l'argent! Je constate que les vitrines des boutiques mettent au premier rang des albums de Black Metal, en particulier l'album "I Krig" du groupe Vreid. La même chose en France m'aurait étonné, mais il s'agit d'un groupe Norvégien et nous sommes en Norvège après tout. Mais le groupe Vreid est en fait issu du split de Windir, groupe originaire de...Sogndal! Celui-ci a été créé après que Terje "Valfar" Bakken, le chanteur de Windir, ait trouvé la mort par hypothermie alors qu'il marchait dans les montagnes enneigées de la vallée de Sogndal, à Reppastølen, en plein mois de janvier 2004. Le groupe écrivait ses paroles en Sognamål, le dialecte de la région de Sogndal.

Nous faisons un petit détour par Kaupanger, où arrive le ferry qui part de Vik. C'est un coin vraiment très beau, avec notamment une stavkirke, mais un peu moins travaillée que celle de Hopperstad. Elle date du XIIe siècle, et a été construite sur les ruines de deux structures plus anciennes, qui pourraient bien être des "post church". Comme beaucoup d'autres églises de ce type, elle a du être restaurée (XVIIe siècle?), mais les structures médiévales ont été préservées. Grâce à la dendrochronologie, on a pu dater avec précision la construction de la stavkirke de Kaupanger.

Une troisième église de bois nous attend à Urnes, que nous rejoignons par un tout petit ferry depuis Solvorn. Au cours de la traversée, je tombe sur une carte de la Norvège plutôt ingénieuse: comme il s'agit d'un pays très "long" et tout fin, les cartes nationales la représente en 2 parties côte à côte sur la même page.

A Urnes, il pleut encore, mais heureusement pas trop fort, ce qui permet de prendre quelques photos. La stavkirke d'Urnes, l'une des plus anciennes de Norvège encore debout; présente une architecture et une utilisation des motifs dans lesquels se retrouve le style viking (notamment des motifs d'animaux), que l'on qualifie de "style d'Urnes". Là encore, on a retrouvé sur le site les traces d'une ou deux églises plus anciennes, du type "post church", et on pense que certains des éléments de l'église actuelle proviennent des restes des anciennes structures.

A partir de là, nous roulons vers le nord sur une toute petite route, juste au bord du Lustrafjord , qui rejoint la route 55. Le paysage est toujours le même: des petites cabanes de bois, des barques, une végétation bien verdoyante, mais on ne s'en lasse pas! Le Lustrafjord (qui est un bras de l' Årdalsfjord, qui est lui même une bras du Lærdalsfjord, provenant lui même du Sognefjord) prend fin à Skjolden. C'est là que commence la montée en lacets vers Lom, au nord-est: petit à petit, un brouillard un peu surnaturel nous enveloppe, pour la seconde fois de la journée, et nous nous retrouvons une fois de plus au milieu d'un plateau froid et enneigé. La visibilité est tellement réduite que nous ne voyons même pas le Galdhøpiggen, à l'est. Il s'agit du sommet le plus haut de Norvège, qui culmine à 2469m, au sein de la chaîne de montagne de Jotunheimen, entouré par le parc national du même nom. Le mot Jotunheimen signifie en norvégien quelque chose comme "le royaume des géants".

Lorsque nous arrivons à Lom, le temps est déjà plus clément. C'est une petite ville aux allures de station de ski. D'ailleurs, Strynn et son" Strynfjell Summer Ski Center" (station ouverte et accessible uniquement l'été) n'est pas très loin (120 Km vers l'ouest), ainsi qu'un autre centre de ski d'été signalé sur la route. L'endroit, traversé par une agréable rivière, est animé, et hautement réputé pour sa proximité avec le plus haut sommet d'Europe du nord, ainsi que pour son église en bois. Celle-ci a été bâtie aux environs de l'année 1200, puis agrandie au cours du XVIIe siècle. A l'intérieur, on peut encore y voir des inscriptions runiques.

Nous cherchons donc refuge à Lom, mais il s'avère que le camping du coin, 4 étoiles, est cher, et pourtant pas très joli. A Skjåk ,un peu plus loin, à 7,5 Km à l'ouest de Lom en suivant la route 15, nous trouvons le camping de Gjeilo, beaucoup moins cher, plus joli, et bien placé juste au bord du lac Skim. En plus de ça, le camping est très grand et il n'y a que très peu de monde. Il est également bien équipé, avec une petite cuisine en bois, tout comme les douches et les toilettes. Seule l'eau chaude est payante, mais 2 fois moins chère que dans les autres camping.

Le seul petit inconvénient, comme un peu partout, c'est la présence des moustiques, mais il y en a finalement assez peu. Selon Eva, experte en la matière, "leurs piqûres font moins mal qu'en France", et "tant qu'il ne font pas mal", elle veut bien "leur donner un peu de sang, à condition qu'il n'excèdent 10% de sa volémie".

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