Jour 8- Mercredi 11 juillet - Distance parcourue : 245,7Km
84 photos

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Un brouillard mystérieux plane au petit matin sur les bordures boisées de la vallée, mais au dessus se dessine un petit carré de ciel bleu, comme on n'en a pas vu depuis longtemps. Cela mérite vraiment une photo. Nous quittons donc le camping (et ses jolis toilettes fleuris) avec l'espoir d'une journée de beau temps. Juste à la sortie se trouvent des champs de fraises, avec un petit stand de vente très original.

Nous empruntons la fameuse Trollstigen ou Route des Trolls (route 63) vers le nord-est, qui est un lieu touristique hautement renommé. Ouverte en 1936 après 8 ans de travaux, elle est en général praticable du mois de mai à octobre (puis fermée à cause de la neige). La route atteint un plateau, avant de redescendre dans la vallée d'Åndalsnes par 11 virages très serrés, qui portent chacun un nom. Le passage est très étroit, et pourtant les bus touristiques et les camping car ne manquent pas! Il existe un point de vue qui surplombe les fameux virages, à 5 minutes de marche d'un parking. De là, la vue sur les lacets est impressionnante. On peut aussi admirer, à gauche de la route, la cascade Stigfossen qui domine la vallée du haut de ses 320m de chute, ainsi que des pics rocheux qui encadrent la route vers la droite (Bispen, Kongen). Les panneaux situés au niveau du parking sont recouverts d'autocollants, et j'en profite pour placer un petit "In Tartiflette We Trust" afin de représenter la France :) Tous le long du chemin, les gens construisent des petits cairns de pierres, comme partout en Norvège dès qu'on est sur un plateau montagneux. Les cartes et images aériennes, d'une précision remarquable, proviennent du site webatlas.no.

En bas de la Trollstigen, il y a un second parking, qui permet cette fois de voir la route des trolls serpentant au dessus, sur le flanc des montagnes. Il y a là un panneau assez unique, puisqu'il signale "Attention danger: Trolls". A mon avis, il a déjà du se faire voler plusieurs fois! Malgré l'avertissement, la route semble assez sure, car les seuls trolls que nous croisons sont des sculptures en bois, pas vraiment effrayantes.

La Route des Trolls aboutit à Åndalsnes, où nous nous arrêtons pour acheter un petit collyre à cause d'une conjonctivite dans une pharmacie. Mais il faut savoir qu'en Norvège, beaucoup de spécialités ne se délivrent que sur ordonnance! Impossible donc d'acheter quelque chose sans aller voir un médecin avant... Et les pharmaciens ne semblent pas rigoler avec ça! Heureusement, pas de problèmes pour acheter à la boulangerie des petits pains rond parfumés à la noix de coco et à la cannelle :) Sur la place principale, des petits stands ambulants de vente de fraises sont installés.

Nous continuons vers Åfarnes par la route 64. Quelques photos prises sur la route, au bord d'un lac qui s'appelle Gjerdsetvatnet:

A Åfarnes, un ferry nous permet de traverser le Langford, bras du Romsdalsfjord, avant de parvenir à Molde. C'est dans cette ville qu'a lieu chaque année le festival de jazz le plus ancien d'Europe, et l'un des plus grands: le Molde Jazz Festival. De là, direction Eide, pour suivre la route 64 et sa portion appelée Atlanterhavsveien ou Route de l'Atlantique. Il 'agit d'une voie crée entre 1983 et 1989 pour relier l'île d'Averøya au reste du pays, mais l'idée est bien plus ancienne, car dès 1909, des plans avaient été établis, mais dans l'optique d'une voie ferrée tout d'abord. La route, d'une longueur de 8 Km, enjambe l'océan atlantique au moyen de 8 ponts (de 52 à 293m) qui relient des petits îlots de terre.

Le petit coin de ciel bleu que nous avions au dessus de nous levant le matin est bien loin maintenant, et il pleut, mais cela ne gâche rien au spectacle. Le paysage est différent de tout ce que l'on a pu voir jusqu'à maintenant: ça sent bon la mer et les goélands virevoltent par dizaines au dessus des rochers entre l'eau et le vent. Il paraît que cet ensemble de pont a été élu "Construction Norvégienne du Siècle" en 2005, et c'est la deuxième route la plus visitée après la Trollstigen que nous venons de voir en début de journée. Nous sommes obligés de nous arrêter tous les 100m pour prendre des photos. Alors que je m'aventure hors de la route avec l'appareil photo, la végétation humide jusqu'à mi-tibia finissant de tremper mes chaussures (une fois de plus), je tombe sur un oeuf de goéland posée sur de la mousse, ce qui me donne un sujet de photo bien appréciable: l'oeuf au premier plan, derrière une cabane battant pavillon norvégien, et au fond l'un des ponts de la Route de l'Atlantique. L'ensemble représente bien cette partie de la côte norvégienne.

L'île d'Averøya est traversée par la route 64, et c'est un ferry qu'il faut prendre pour rejoindre Kristiansound depuis le village de Bremsnes (un tunnel effectuera bientôt cette liaison si je ne me trompe pas). Nous arrivons juste à l'heure pour prendre l'embarquement, mais il manque de place à une voiture près. Nous attendons donc le prochain ferry en admirant les exploits acrobatiques de jeunes freestylers BMX norvégiens.

Billy le freestyler. Ca fait pas très norvégien, mais j'ai décidé de l'appeler Billy

Kristiansund, "capitale de la morue séchée", est bâtie sur plusieurs îles, reliées entre elles et au continent par des ponts assez "design" et un tunnel sous-marin, constituant le réseau KRIFAST. Nous ne visitons la visitons pas vraiment, mais c'est une ville qui semble assez concentrée et dense, peut être du fait de sa construction dans une zone d'extension limitée (îles). Le tunnel sous-marin passe sous le Freifjord, entre les îles de Frei et Bergsøya: il fait 5 Km de long, et atteint jusqu'à 134m de profondeur sous l'eau. La remontée à la fin du tunnel est assez pentue, et la petite Twingo peine à nous conduire vers la sortie!

Nous commençons à chercher un endroit où planter la tente en camping sauvage après Kristiansund, sur l'île de Frei, le long de la route 70. Les environs forestiers semblent à priori favorables, et nous empruntons une petite piste de terre qui quitte la route vers la droite pour y trouver un coin, légèrement en contrebas. Mais on se rend compte rapidement que si l'endroit est joli, il s'agit en fait d'une zone très humide: un espèce de marécage entoure le petit chemin. Il faut être très prudent et ne faire aucun écart sous peine d'y coincer la voiture. Quelques centaines de mètres plus loin, nous retentons notre chance dans un réseau de pistes autour de la route (à côté d'un grand parking le long de la portion de la route 70 qui descend droit vers le sud), mais beaucoup aboutissent à des terrains privés.

Localisation sur Google Earth - Ile de Frei

C'est joli, mais impossible d'y planter une tente!

Commence alors une longue pérégrination, qui nous mènera complètement au hasard des petites routes, sur l'espèce de presqu'île de Straumsnes. Nous désespérons de trouver un site convenable, lorsque nous aboutissons enfin à un coin sympa: en face d'une île appelée Langøya, entre Årsund et Finnvika. Nous sommes en bordure d'un espèce de petit fjord, le Langøysundet, à 2 m de l'eau. Le coin où nous plantons la tente est entre la route (un peu en retrait) et le fjord, et il n'y a pas grand monde alentour: 2 dames pratiquant du "nordic walking", des moutons sur l'île en face...et quelques limaces. Mais l'emplacement est au milieu d'herbes un peu hautes et il faut faire avec! Le sentiment de tranquillité est à son comble lorsque le soleil se cache (mais il ne fait pas nuit complètement) et que le petit fjord revêt des couleurs sombres et bleutées. Nous sommes tout seuls, entre le jour et la nuit, avec encore une fois une vue magnifique pour un petit repas et une bonne nuit de sommeil au bord de l'eau. La Scandinavie, c'est génial!

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