Scandinavie 2007 :: Carnet de Route
 
Jour 10 - Vendredi 13 juillet - Distance parcourue : 441,9 Km
15 photos


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Ce 10 ème jour de voyage est un vendredi 13. Ce que ça peut signifier, je n'en sais rien...chance, malchance ? Sûrement que quelqu'un va gagner au loto aujourd'hui, quelque part dans le monde, comme tous les autres jours :) Il fait 23°C (si le thermomètre est assez fiable), et le temps n'est pas mal: du soleil et un peu de nuages pour l'instant. Nous quittons le camping d'Øksnes assez tard: il est presque 11h!
En rangeant le campement ce matin, nous tombons sur notre petite lanterne / boussole, qui n'est pas vraiment utile sous ces latitudes: nous l'avons à peine sorti en Allemagne, et ensuite plus du tout en Scandinavie. Dès la première nuit à Schleswig, la jour s'étalait jusqu'à très tard. N'investissez donc pas trop dans l'éclairage si vous comptez visiter la Scandinavie durant l'été. En revanche, l'hiver, ça pourrait toujours servir :)

La route E6 continue à longer le lac Snåsavatnet, entourée de forêt et de collines. Nous la quittons pour emprunter la route 775 au niveau d'un petit hameau du nom de Gartland, quelques Km après Grong. Dès lors, nous arrivons dans une contrée où les moutons ont pris le pouvoir. Cela est indiqué par des panneaux triangles blancs bordés de rouge, avec des moutons dessinés au centre. Vous pensiez que ça signifiait "attention, moutons" ? Non, c'est bien plus que ça! Forts de leur suprématie, les moutons se couchent en travers de la route, de manière toute aussi dangereuse que quand ils investissent les tunnels peu ou pas éclairés de montagne. On dirait même qu'ils ont chassé les humains de cette zone, puisque nous n'y voyons presque aucune habitation, pas même une petite cabane dans la forêt. Il y a quelques lacs autour de la route, peut être aussi des coins idéals pour le camping sauvage, je ne sais pas.
Les panneaux "attention, moutons" ne mentent pas, et indiquent avec précision les bons spots pour percuter un petit ruminant insouciant. S'il en était de même pour les panneaux "attention élans", il serait très facile d'en voir! Mais pour l'instant, nous 'en avons vu aucun.

Nous quittons le no man's land de la route 775 et sa civilisation ovine en arrivant à Høylandet. A partir de là, nous sommes sur la fameuse route 17. Elle s'étend sur 460 Km entre Steinkjer et Bodø, au nord, mais nous n'allons en emprunter qu'une partie.
Il y a 10 photos qu'il faut absolument prendre pendant un voyage en Norvège. 10 photos des choses incontournables, parmi lesquelles le Geirangerfjord, la Trollstigen, ou encore un panneau "attention élan" par exemple. Au top 10, donc, figure également une maison à Høylandet dont l'un des mur est, tel une feuille de papier, déchiré, laissant apparaître une tête de bonhomme à l'extérieur. Il y a marqué Revyriket dessus, mais je n'ai pas réussi à trouver ce que c'est. Les mauvaises langues diront que je place cette photo parce que je n'ai rien d'autre à mettre, à cause du temps pas terrible, et parce que j'avais la flemme de m'arrêter pour photographier les paysages...mais c'est faux, il s'agit vraiment d'une photo d'un intérêt certain!

"Revyriket"...qu'est-ce donc ?
Norvège Revyriket


Il fait plutôt moche maintenant, c'est vrai, mais au nord le ciel est bleu et parfaitement dégagé. C'est justement la direction que nous suivons, donc nous gardons l'espoir de trouver sur la route temps plus clément.
Nous observons en cheminant, après Høylandet, d'étranges panneaux représentant le sigle handicapé, avec la mention "fiskeplass". La route suivant le lit d'une rivière, "fiskeplass" doit correspondre à des emplacements pour la pêche. Nous en déduisons qu'il s'agit de sites spécialement aménagés pour que les personnes en fauteuils roulants puissent accéder aux rivières et s'adonner à la pêche. Si c'est le cas, la Norvège est vraiment en avance sur la France! Mais en avance dans le domaine de la pêche ou dans le domaine de l'accessibilité pour les handicapés? La pêche est peut être plus pratiquée qu'en France, ce qui est fort probable, vu la longueur de la côte du pays, ses fjords, ses rivières et ses lacs. De ce fait, si la pêche est un loisir d'importance, des efforts sont peut être faits pour que tous puissent en profiter. Mais de manière général, nous avons constaté que les toilettes par exemple sont souvent très vastes et accessibles aux fauteuils roulants. C'est sûrement la prise en charge général des personnes handicapées qui est plus développée que chez nous.

La route 17 effectue plus loin un virage vers l'ouest, en suivant un bras de mer, l'Innerfolda (qui doit être un bras du Foldfjorden). J'y repère, à droite de la route, une petite avancée de terre sur l'eau, à laquelle on peut accéder par un chemin. L'endroit semble être parfait pour y camper, à retenir donc.

Nous quittons le comté de Nord Trøndelag pour arriver dans celui de Nordland, accompagnés par une forte pluie. Nous arrivons sur le littoral, et effectuons une première traversée en ferry de Holm à Vennesund. Si l'attente pour monter à bord est très longue, la traversée est quant à elle courte. De l'autre côté nous attendent beaucoup de vaches, des pâturages, des montagnes rocheuses, l'ensemble plutôt terni par le temps gris. Nous sommes dans la région du Helgeland, qui désigne la partie du Nordland située sous la ligne du cercle polaire. Ce paysage de vastes étendues couvertes d'une végétation plus rare diffère beaucoup de ce qu'offre l'intérieur des terres, auquel nous avons été habitués jusqu'à maintenant (mis à part la route de l'Atlantique). La côte est extrêmement découpée, bordée d'innombrables petites îles, parfois uniquement rocheuses. D'un côté la mer, de l'autre des montagnes abruptes, et au milieu une étendue plate où chemine la route. Il est vraiment dommage qu'il fasse si moche, car les photos par beau temps que l'on peut voir à propos du Helgeland et du Nordland, sur Wikipedia par exemple, sont très belles.
Nous atteignons Brønnøysund et nous dirigeons vers le sud-ouest pour voir le Torghatten, ou Chapeau Troué. La route emprunte un grand pont qui effectue un virage tout en enjambant le Brønnøysundet, ou détroit de Brønnøy. De là, on a une belle vue sur la ville, la côte découpée, et les montagnes au loin, dont le Chapeau Troué au sud.


Le Torghatten, vu depuis la côte, quelque part vers Berg
Brønnøysund et le détroit de Brønnøysundet. Depuis le pont, en regardant vers le nord-est
Vue vers le sud, depuis le pont de Brønnøy. On devine le Torghatten à droite
Le pont de Brønnøy - Photo aérienne webatlas.no
Carte webatlas.no
Norvège Torghatten Norvège Brønnøysund Norvège Brønnøysund Norvège Brønnøysund Norvège Brønnøysund


La route nous conduit aux pieds du Torghatten, et non pas à un point de vue pour le voir en entier, ce que nous pensions au départ. Depuis un petit parking, une marche d'une vingtaine de minutes permet d'aller jusqu'au trou qui perce la montagne. Il y a toute une légende autour de ce Chapeau Troué: du temps où les trolls parcouraient encore la Terre, l'une de ces créatures du nom de Hestmannen poursuivait une jeune fille nommée Lekamøya. Préférant l'avoir morte plutôt que pas du tout, il décoche une flèche en sa direction. Mais le roi troll Sømna (c'est d'ailleurs le nom de la municipalité qui englobe berg et Vik, à l'est du Torghatten) intervient au bon moment et jette son chapeau sur la trajectoire de la flèche pour sauver Lekamøya. Le chapeau est resté, troué, sous la forme d'une montagne. Le trou est très grand: 160 m de long, 25x20m d'ouverture. Pour observer le Torghatten au mieux sous sa forme de chapeau, le meilleur point de vue se situe à l'est, depuis la mer. Nous choisissons de ne pas monter au trou à cause du mauvais temps, et nous nous rabattons, déçus, sur 2 petites pâtisseries délicieuses qui nous remontent le moral: un espèce de chausson au pommes sous forme de triangle, et l'autre de forme rectangle pleine de crème dedans (pas eu le temps de prendre des photos, j'ai mangé trop vite:).

Nous nous dirigeons vers Horn, au nord. La route est jalonnée de plusieurs panneaux "élans", mais nous ne voyons aucun représentant de la plus grande espèce de cervidés (nom latin Alces alces, c'est la même espèce que l'orignal d'Amérique du Nord). Il paraît que c'est un animal rapide (55 Km/h au galop), car du temps où il était domestiqué, des bandits parvenaient à semer les chevaux de la police! Du coup son usage a été interdit en Russie. Son déclin a été précipité par la chasse, mais on en trouvait encore dans nos régions au temps des Gaulois, et jusqu'au IXe siècle en Alsace.


Les panneaux sont beaucoup moins rares que les élans eux-męmes. A défaut de les voir, on peut apprécier leur silhouette.
Norvège élan


De Horn, un nouveau ferry nous conduit à Andalsvagen, puis un autre de Forvik à Tjøtta. Je profite des traversées pour prendre quelques photos, certaines inutiles, d'autres illustrant le caractère austère de la côte par mauvais temps.

Embarquement
A bord d'un ferry
La côte entre Horn et Tjøtta
La côte entre Horn et Tjøtta

Norvège Helgeland Norvège Helgeland Norvège Helgeland Norvège Helgeland

Quelques Km après le débarquement à Tjøtta, nous parvenons aux pieds des Sju Søstre, ou 7 soeurs, dont la route 17 longe le versant ouest, sur l'île d'Asten. Il s'agit d'une chaîne de montagnes littéralement posée sur la mer. Chacun des sommets porte un nom: du sud au nord, il y a Breitinden, Kvasstinden, Tvilligane, Skjæringen, Grytfoten, Botnkrona...bon il manque un nom. j'ai aussi trouvé sur une carte les noms de Stortinden, Litlmarktinden...La plus haute des 7 soeurs culmine à 1072m d'altitude. Si vous aimez les records, sachez qu'il vous faudra enchaîner l'ascension de tous les sommets en moins de 4h, record actuel! Il n'y a pas besoin d'être alpiniste car des sentiers balisés permettent d'y grimper. Il paraît que la vue d'en haut est sublime. A faire pour un prochain voyage.
Nous avons de la chance, car le soleil se manifeste juste quand nous longeons la chaîne de montagne, ce qui nous permet de prendre quelques photos pour agrémenter cette journée bien maigre en image.


Photo floue - f/11, 1/10s, je ne sais pas pourquoi :(
La chaîne des 7 soeurs
Image Google Earth de la chaîne
Hop, petit zoom Google Earth

Norvège Sju Søstre Norvège Sju Søstre Norvège Sju Søstre Norvège Sju Søstre


La liaison entre l'île d'Asten et le continent se fait après Sandnessjøen au moyen d'un pont comme les Norvégiens savent si bien les faire (mais il faut dire qu'ils y sont un peu contraints, vu le découpage du pays): le Helgelandsbrua, ou pont de Helgeland. La construction fait 1065 Km de long et nous emmène 45m au dessus de l'eau. La route 17 longe ensuite le petit Leirfjord avant d'obliquer vers le nord. Nous la quittons pour suivre la route 78 vers le sud-est, en longeant le Vefsnfjord, qui s'étend sur une cinquantaine de Km entre Tjøtta et Mosjøen.
Il paraît que les rivières qui alimentent ce fjord sont de bons coins pour la pêche au saumon, mais le poisson subit le parasitisme de Gyrodactylus salaris, qui entraîne des lésions ulcératives. Quand on recherche des informations sur ce parasite d'eau douce, les résultats renvoient en grande partie à des pages norvégiennes. Cela s'explique par le fait que la Norvège a été très touchée par ce parasite (années 70) par son introduction dans un stock très sensible, au point que bon nombre de rivières aient vu leur population de saumon atlantique complètement décimée. Les eaux norvégiennes ont été traité avec de la rotenone, parfois avec succès, mais cela entraîne également la mort de tous les poissons! Il faut ensuite repeupler les rivières, ce qui n'est pas évident. Actuellement, les norvégiens essayent un traitement sans effets aussi néfastes, à base d'aluminium et d'acide sulfurique. Voilà, on en apprend tous les jours! Ca peut être utile de savoir ça avant d'aller pêcher dans les eaux norvégiennes :) Pour nos amis pêcheurs, ce plathelminthe a aurait été mis en évidence en France, mais une étude a montré qu'on peut le considérer comme absent des grands bassins hébergeant naturellement le saumon atlantique. Il s'agit en fait d'une autre espèce proche, mais pas du ravageur Gyrodactylus salaris, ouf!

Sur les berges du Vefsnfjord, de nombreuses hytter se cachent entre les rochers. Elles donnent sur des pontons où sont attachés des barques et des bateaux. Ce genre de cabanes s'observe classiquement le long des fjords de Norvège. Cependant, il n'y a pas de véritable accès au bord de l'eau. On peut en effet voir des voitures arrêtées un peu partout au bord de la route, et de là les occupants descendent à pied par des petits sentiers. En ce qui concerne les cabanes qui surplombent la route, à priori inaccessibles, on devine parfois dans la roche de petites marches discrètes qui permettent d'y grimper.
A 22h30, nous n'avons toujours pas trouvé d'endroit pour planter la tente. Il n'y a pas beaucoup de place le long de la rive rocheuse du fjord. Nous trouvons bien un camping sur la route, mais celui-ci est moche, sans herbe: impossible d'y planter une tente. En se rapprochant de Mosjøen, la bordure du fjord est moins escarpée et les rochers laissent la place à des petites collines. Mais le peu de chemins que nous trouvons mène à des terrains privés (même si en Norvège le terrain est rarement délimité par une barrière. J'entend par terrain privé un endroit dégagé ou se trouve une cabane).

Finalement, nous parvenons très fatigués à Mosjøen. D'apparence industrielle, il s'agit de la première ville vraiment moche que nous rencontrons, ce qui mérite d'être signalé! Il y a beaucoup d'usines, de bâtiments en briques, de maisons fades alignées le long de rues moches et tristes. L'un des quartiers que nous traversons pour trouver l'office du tourisme fait vraiment délabré. Il est possible que le temps et l'heure tardive participent à l'aspect triste de la ville...
Nous laissons tomber l'idée d'un camping sauvage et nous rabattons vers le camping de la ville, situé en plein centre. Il est très grand (l'un des plus grands de notre voyage), et par conséquent pas très sympathique. Aucun rapport avec le petit camping tranquille d'Øksnes, ni même avec le Lone Camping de Bergen, qui était pourtant assez grand. Ici, les caravanes et mobil homes se concentrent en délimitant des allées serrées, il y a du bruit, trop de monde. Il y a même un bowling et une piscine avec toboggan! Mais bon, ce n'est pas ce que nous sommes venus chercher en Scandinavie. Nous avons quand même la surprise de découvrir un coin réservé aux tentes assez vide (puisque tout le monde est en camping car) et sympathique: il y a de grands arbres entre lesquels monter le campement, et nos voisins pour la nuit logent dans des tentes en forme de tipi! Une bonne nuit de sommeil bien méritée pour pouvoir affronter une journée importante: celle du passage du cercle polaire, demain!


Le camping de Mosjøen. La petite croix marque l'emplacement de la tente, au milieu d'un carré de verdure heureusement pas trop peuplé. Situé en plein centre-ville!

Norvège Mosjøen

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